L’achat;

À l’hiver 2019 lors de notre séjour à Oaxaca, je cherche différents modèles de fourgonnette, des VW combis, Westfalia, Safari, Toyota, Transit, Sprinter… , je cherche, je scrute les différentes options avec un budget de 15 K pour un éventuel achat. C’est finalement lorsque nous serons à la plage de Lo de Marcos au printem, que notre fourgonnette nous trouvera. Pour le fun, j’avais commencé nonchalamment, à regarder les petites annonces sur Facebook. Et puis je la vois : Une belle fourgonnette Cargo blanche Ford Transit 2012. Les photos montre un véhicule impeccable au niveau de la carrosserie avec un bas KM, manuel/diesel et située pas loin, à Guadalajara. En moins de deux, la visite chez le vendeur d’autos usagées s’organise

Toute une aventure que d’acheter un véhicule au Mexique. En visitant le site de REPUVE nous pouvons vérifier que le NIV correspond bien à la plaque d’enregistrement, que la fourgonnette n’a pas été volée. Par contre pas moyen de savoir si elle a déjà été accidentée. Je magasine assez facilement les assurances, incluant la clause de responsabilité aux États-Unis et au Canada, et je choisis la compagnie GNP Seguro ($ 700CAD/an). Ajouter à cela, que nous sommes des compétents débutants en espagnol et que notre vendeur, Luis, faisait du mieux qu’il pouvait pour essayer de nous comprendre – par chance que son grand fiston était là pour nous aider à traduire de temps à autre. Après une conversation sur les papiers du véhicule, inspection intérieure, Bernard part en essai routier (trop court qu’on s’est dit à la suite de tous les évènements). Il en revient enchanté! On indique à Luis que nous devons visiter un autre van, et que nous reviendrons s’il y a lieu. L’autre visite s’avère négative. On revient donc vers Luis et lui faisons une offre sur la Ford transit Cargo 2012, conditionnelle à une inspection mécanique.

On amène la fourgonnette au garage recommandé par notre ami et à part quelques petits trucs anodins, l’inspection est bonne. Luis est content et nous le sommes aussi. On repasse au bureau où Luis nous montre toutes les factures originales : de la fourgonnette et les paiements de tous les enregistrements annuels. Nous mettons la fourgonnette au nom de Bernard, car en tant que non-résident canadien, nous n’aurons aucun problème à voyager au Canada avec une plaque étrangère. On s’entend sur une modalité de paiement : 3 versements par transfert bancaire dès réception des titres.

Nous retournons vers Lo de Marcos, et dans la même semaine Luis m’indique, par Whatsapp, que les plaques du véhicule, qui sont enregistrées dans l’état de Baja California, ont été retournées et que nous pouvons changer l’état de la fourgonnette pour celui de notre résidence officielle au Michoacán.

Deux semaines après nous prenons officiellement possession de la fourgonnette. Luis nous remet notre dossier plus le papier de transition d’une durée de 30 jours, question d’avoir le temps d’aller chercher nos nouvelles plaques au Michoacán. Bienvenue à la vie, Mini « Merci la vie »! Nous partons, le cœur joyeux, avec une petite liste de trucs à faire : faire changer le pare-brise craqué, faire installer une attache-remorque, passer au garage pour une mise au point général du véhicule.

Bernard prend le volant de sa fourgonnette et moi je suis derrière avec la Honda pour nous diriger à notre rendez-vous de changement de vitre. À peine 5 minutes qu’on roule, qu’un policier à moto arrête Bernard. La fourgonnette n’étant pas plaquée, le policier veut voir tous les papiers… et en espagnol svp! Je sors tout le dossier, montre toutes les factures, non le policier est intéressé seulement par le transit de 30 jours, qui selon lui n’est pas valide, car il est libéré de l’état de Guerrero. Avec une discussion qui ne va nulle part et avec la menace de se faire confisquer la fourgonnette si nous n’avons pas les bons papiers, Bernard et moi sommes complètement abasourdis. Ça sent pas bon qu’on se dit. On appelle Luis, il parle au policier et en moins de 5 minutes, le policier quitte sans autre mot. Luis vient nous rejoindre à la vitrerie, et nous rassure que tous les papiers sont en ordre. Que sûrement le policier aurait souhaité qu’on lui passe des pesos sous la ceinture! Bref, après une heure, on repart avec une belle vitre neuve. S’en suit l’installation de l’attache-remorque et vroum au garage.

Après la mise au point et tous les changements de liquides et filtres ($200 CAD), le garagiste nous indique que nous devons vraiment changer les trois supports du moteur (motor mounts), ce qui cause une forte vibration lorsqu’on roule. Outch – Kechinnn, nous voici avec un surplus de $500 CAD. Malgré ce changement, la fourgonnette vibre toujours, le chum devient nerveux.

L’histoire d’horreur des plaques & permis de conduire :

On arrive aux bureaux des véhicules à Cuitzeo au Michoacan (notre résidence officielle), il y a déjà une bonne file. Attente de 30 minutes, et on remet tous nos papiers. On nous demande de payer une modique somme pour enregistrer notre dossier, puis la dame nous dit de revenir d’ici 2 ou 3 jours pour prendre possession des plaques. Oh! On ne s’attendait pas à ça. On décide pendant qu’on est sur place de passer notre permis de conduire mexicain. Processus simple, mais un peu long dans 3 différents bâtiments : visite médicale, étampage de papiers, payer au transito les droits de notre permis de « choffer » + l’agent nous demande : si nous voulons passer le test avec auto, ou simplement payer un p’tit surplus… devinez ce qu’on a fait!!! Et nous sommes ensuite revenus au point de départ pour prendre nos photos et recevoir nos permis de conduire. Avant de revenir vers Chapala, le chum décide d’acheter 4 nouveaux pneus – y pensait que ça pourrait être la cause de nos vibrations (balancement-alignement). Mais, non. Vibrations toujours présentes sur notre chemin de retour.

Quelques jours passent, et nous appelons le bureau des véhicules de Cuitzeo, pour savoir s’ils ont reçu les enregistrements/plaques de la fourgonnette. Oui, oui, nous pouvons passer. Je leur explique que Bernard est proprio de la fourgonnette, mais qu’il ne peut venir, mais moi j’irai. On m’explique que ça prendra une procuration. OK, la veille de mon départ, on court chercher un formulaire qu’on remplit avec l’aide de nos amis. On fait signer nos témoins et le tour est joué.

Lendemain matin je quitte aux aurores, car j’ai 4 heures de route à faire vers Cuitzeo. J’arrive vers 9 h 45 au bureau, et oh misère, il y a une file d’à peu près une cinquantaine de personnes. Je me mets à la fin et j’attends sagement. Après 15 min je m’aperçois que tout et chacun a un billet avec un numéro dans la main. Je demande du mieux que je peux en espagnol : « porque tienes un numero ». On m’explique qu’il faut venir la veille de la visite, pour venir chercher un numéro. Les agents en distribuent que 50 à la fois. Aille!!! Je marche à l’intérieur et demande gentiment à l’agent, si c’est possible d’avoir un numéro. Il me dit NON. Outch! Je lui explique que je ne savais pas. Que je venais de loin… 4 heures de route que je lui dis. Il m’indique, que si j’attends que les 50 premières personnes passent, qu’ensuite, si le bureau n’est pas fermé, il redistribuera les numéros. J’ai les larmes qui me montent aux yeux en pensant que je devrai attendre debout très longtemps pour peut-être avoir une chance ou non de passer. Jusqu’à deux heures, j’attends. Pas d’eau, pas de bouffe. Puis ça bouge, l’agent redistribue les numéros. Eurêka j’ai le numéro 10. Je cours vite me chercher un taco et une grosse bouteille d’eau. Mon tour arrive. Je présente tous mes papiers. L’agent vérifie à l’ordinateur que le numéro de série correspond bien à mon reçu. Yes, 1re étape positive. Ensuite il dit que le véhicule n’est pas à mon nom. Oui que je lui dis, il est au nom de mon mari et je lui explique que j’ai appelé hier pour demander de me présenter à sa place avec une procuration signée de témoins. L’agent regarde ma lettre, et me demande immédiatement mes identifications. J’ai tellement de papiers que ça me prend des lunes à tout sortir. Il me demande ensuite mon certificat de mariage pour prouver que je suis bien la femme de… Eh ben, non, ce papier je ne l’ai pas. Il me regarde d’un air ahuri, il me dit vivement : alors ça ne sera pas possible de vous donner les plaques. QUOI !!!!!! Je lui dis, non, vous ne pouvez pas me faire ça, pas après 4 heures de route. Il me dit, que seul un notaire local pourrait authentifier Bernard et moi. Mais que je lui dis, Bernard n’est pas là. Il me dit que parfois ça peut se faire virtuellement.

Il est 15 h 30, le bureau ferme à 16 h 30. Je cours partout dans la ville à la recherche d’un notaire. Imaginez c’est la semaine Sainte ici… pratiquement tout le monde est en vacance. Les deux seuls bureaux de notaires que je trouve, eh ben les notaires sont absents. Je reviens bredouille au bureau. Je refais la file. Le même agent devant moi, toujours en espagnol, ce qui complique un peu les choses pour moi. Je lui dis mon échec, car les notaires sont en congé. Je lui dis que mon certificat de mariage est dans un mini coffre-fort à 4 heures de route de moi. Et je lui dis qu’il m’a servi avec mon Bernard deux jours à peine, come on! Wake-up. Pi je mets mets à pleurer, fatigué et plus d’énergie. Il parle à son superviseur, revient vers moi et me dis : OK, on va procéder.

Il est 16 h 15. Il retourne à l’ordinateur. Il entre toutes les informations. Puis il me demande les plaques du véhicule. Hein, quelles plaques??? L’agent demande les plaques précédentes de la fourgonnette, celles que notre vendeur, Luis, a retournées, comme il se doit, à Baja California. Quoi, qu’il me dit. Non, ça ne passe pas. On arrête tout. Allez chercher ces plaques, qu’il me dit. Et moi je le regarde complètement anéantie. Mais ce n’est pas possible, car elles sont à Baja. Alors, il dit : ça me prend une preuve. Je lui dis que nous avons un transit de 30 jours avec tous les papiers prouvant la transition. L’agent exige le transit, qui est collé sur la fourgonnette avec les papiers. Mais que je lui dis, jamais vous ne nous avez mentionné d’avoir ça en main. Ces papiers sont dans la fourgonnette qui est à 4 heures d’ici. L’agent s’assouplit un peu et m’indique : demander à votre mari d’envoyer des photos des papiers et aller les faire photocopier. Je le regarde et lui dit : je vais le faire, mais le bureau sera-t-il encore ouvert? Il hausse les épaules. J’ai les larmes qui me montent encore une fois.

Je cours dehors, texte à Bernard de m’envoyer les photos…. J’attends, 5 min, 10 min puis finalement elles arrivent. Cherche un bureau internet qui pourra me les imprimer, trouve, attend, repars avec les photocopies.

16 h 45 : je reviens vers le bureau, en me disant qu’il sera fermé. Non, il est ouvert encore. Je me pointe fièrement au comptoir avec les papiers. L’agent regarde, et hoche négativement la tête. Non, ce n’est pas ces papiers, ce n’est pas bon. Et me dit une dernièrement fois : c’est fini, je ne vous donnerai pas les plaques. Nous fermons maintenant.

Moi qui suis si résiliente d’habitude, j’avoue qu’après plus de 8 heures d’attente, de courir à droite et à gauche pou répondre à leurs demandes farfelues et qui n’en finissent plus, et le trajet de 4 heures, je n’avais plus du tout d’énergie – je me sentais complètement siphonnée et vaincue. C’est en larmes (ben oui, encore une fois … because la ménaupose vous savez, génère des bizarres d’impacts incontrôlables) que je sors du bureau et que je m’assois sur un banc.

Me souviens plus comment, ni quand, mais tout à coup devant moi, un jeune homme tout sourire (pas mal cute aussi) qui me parle en anglais. Ça me prend quelque instant pour finir par comprendre qu’il veut m’aider. Je lui demande, toujours en pleurant, comment il peut m’aider. Il me dit le plus gentiment du monde, qu’il est le grand patron du bureau des véhicules et que malgré que ma situation soit très complexe, il va me donner mes nouvelles plaques. Je n’en reviens juste pas. Automatiquement, je souris et je le suis docilement vers le bureau qui est maintenant fermé. Dès qu’on entre, je note que tous les employés sont attablés à une belle grande table remplie de victuailles. Mon sauveur m’explique que toute l’équipe fête la semaine Sainte. On m’indique d’attendre 5 à10 minutes, le temps qu’une autre agente me prépare un document. Autour de la table, l’équipe m’invite à festoyer avec eux. Je décline bien poliment et indique que je suis vraiment très fatigué et que j’ai 4 heures de route qui m’attendent encore. Finalement on me remet mes plaques, et un document bon pour 30 jours, le temps que le bureau reçoive la carte d’enregistrement du véhicule. Je remercie chaudement tout le monde, et quitte le bureau les plaques sur mon cœur et reprends ma route silencieusement vers Guadalajara. Pas besoin de vous dire que j’ai dormi à poings fermés le soir venu!