Retour vers le Québec… le destin en aura décidé autrement.

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Depuis déjà des semaines que l’on suivait la situation du Covid 19, autant pour le Canada que les USA, ainsi qu’ici à Oaxaca où cela se stabilise, qu’on se disait, qu’on devrait commencer à investiguer sur la possibilité de revenir passer l’été au Québec et surtout de faire une grosse surprise aux filles et nos petits enfants.

Surtout, que « Mini Merci la vie » a un tout nouveau cœur (moteur) depuis la mi-mai. Elle est fin prête pour un grand voyage qu’on se disait. Je commence donc à mettre nos morceaux de puzzle en ordre, car notre résidence mexicaine, notre non-résidence canadienne et notre citoyenneté canadienne pourraient semer le doute aux yeux des agents douaniers qui doivent respecter les règles très strictes de la fermeture complète pour tous les déplacements non essentiels entre les frontières du Canada – É.-U. – Mexique. Alors, la question : où se situe-t-on, Bernard et moi, selon l’aspect légal pour entrer au Canada, tout en transitant par les États-Unis et de même que pour notre retour du Canada vers le Mexique.

Je me suis donc mise en mode recherche et sur le téléphone. En trois jours, c’est fou le nombre de personnes avec qui j’ai parlé. Ambassade du Canada, Immigration du Mexique, douanes américaines au Texas, agents douaniers des trois frontières à traverser. Bref tous, à 100 % nous confirment que nous pourrions traverser sans aucun problème et que surtout le Canada nous accueillerait à bras ouverts! Youppie, vous avez pas idée à quel point nous étions heureux de revoir notre famille… et surtout d’organiser cette méga surprise. Car les filles continuaient à croire que l’on ne pourrait jamais passer… ha ha ha c’était sans savoir à quel point notre pouvoir magique peut déplacer des « frontières »! Alors vers le 15 juin, j’avise la proprio du petit chalet que nous avions loué pour 3 mois, que nous serions au rendez-vous pour le 1er juillet. Ensuite, j’appelle ma fille Kelly pour la mettre dans le coup – oh la la… un ras-de-marée de pure joie!
 
Le compte à rebours est officiellement parti : on partira le 25 juin aux aurores. À dix jours du départ, avec en plus notre travail, il faudra faire rapidement pour fermer la maison, trouver une personne de confiance pour nos poules, le jardin. Ensuite, éduquer notre belle Leila, nouvelle membre poilue de la famille, afin qu’elle soit prête pour un long voyage. Organiser « Mini merci la vie » : la mettre propre, remplir les soutes, les vêtements, nourriture, frigo, les cadeaux… Alléluia, je suis busy comme une abeille, mais si heureuse. Et avec en prime, que notre camionnette est finalement pimpante de santé!
 
Puis finalement, le matin du 25 juin à 6 h 30 c’est le départ. Tout le monde à bord est joyeux! On estime à 1000 km de route pour notre première journée, car on veut se rapprocher des frontières rapidement. Nous devons en premier traverser la magnifique ville d’Oaxaca Juárez avant de nous engouffrer pour des heures dans la Sierra Madre, chaîne de montagnes magnifique en altitude de près 14,000 pieds.
 
À peine 30 minutes après notre départ, à un feu de circulation, j’entends un bruit en provenance du moteur. Comme de l’eau qui bout. Bernard, qui est passager, me demande de vérifier l’aiguille de température. En une seconde l’aiguille se met à monter jusqu’au trois quarts du cadran, sans toucher la zone rouge. On se gare immédiatement sur le côté de la rue et j’éteins le moteur.

Mon cœur ne fait qu’un tour. Je regarde Bernard, et je vois bien qu’il est lui aussi nerveux. Tous les deux, en même temps, on se dit : « pas encore des problèmes »… j’en ai mal au ventre. Bernard sort rapidement dehors. Il ouvre le capot. Je m’apprête moi aussi à descendre, quand soudain je le vois ouvrir le bouchon du trop-plein du refroidisseur. Je suis à côté du moteur, mais Bernard lui fait face.

Dès qu’il ouvre ce bouchon, une explosion survient, suivie d’un geyser de liquide visqueux de couleur jaune qui malheureusement atteint Bernard en plein visage, cou, poitrine et bras. Le jet a propulsé le liquide à 25 pieds à la ronde. Le temps que j’enlève mes lunettes, qui sont obstruées de ce liquide, j’entends mon Bernard hurler de douleur. Je le cherche et finalement le trouve, sur le trottoir, gémissant. En moins de 5 secondes, j’évalue rapidement la situation. Je le calme et puis cours à l’intérieur de la camionnette chercher des bouteilles d’eau. Premier réflexe : éteindre le feu en laissant couler de l’eau doucement sur la peau de Bernard. Nous saurons par la suite, que malheureusement le liquide bouillant est en fait de l’antigel et de l’huile mélangée suite à un problème relié à on ne sait pas quoi encore. Malgré l’eau qui ruissèle sur la peau, je vois ce produit visqueux partout sur sa peau. Merci que Bernard portait aussi ses lunettes, ses yeux sont intacts. Il se calme un peu, la souffrance est terrible. Par chance, nous sommes en pleine ville, juste en face d’une pharmacie et d’un mécanicien. Rapidement les gens accourent vers nous, pour nous offrir de l’aide. Nos deux toutous, Myco et Leila, sont bien sages à l’intérieur.
Pendant que Bernard est entre bonnes-mains, je cours en pharmacie acheter le nécessaire pour les brûlures. Plus d’eau, crème antibiotique, des tampons de gaz, etc. Je réussis à nettoyer doucement le liquide de la peau de Bernard, j’applique la crème, et instantanément, cela apaise grandement la douleur. Il me dit même : bof, ça pas l’air trop grave. Et puis il se met à s’excuser sans fin d’avoir ouvert ce bouchon. Il m’explique que c’est une des premières choses que son père lui a enseigné : jamais, au grand jamais ouvrir les bouchons d’un moteur, quand c’est chaud. Je le regarde et lui dit… c’est un accident Bernard, ne t’en veut pas. Il m’explique encore qu’il a décidé d’ouvrir, car le contenant du trop-plein, en plastique transparent, lui paraissait vide. Il a les yeux pleins d’eau. Il s’excuse encore et répète que l’on pourra repartir dès qu’il aura rempli le réservoir d’antigel.

Mais, ça ne s'est pas passer comme il avait prévu. Le mécanicien de la rue, qui est avec nous, nous dit après avoir analysé la situation qu’il y a un problème avec le nouveau moteur. Car ce n’est pas normal que l’on retrouve de l’huile dans l’antigel, et que maintenant tout le circuit du moteur en est malheureusement bien imbibé. On se regarde tous les deux. J’ai juste envie de pleurer. En un flash de 3 secondes, je comprends l’ampleur des dégâts, je vois surtout mon Bernard brûlé et puis je sais que notre voyage au Québec vient de prendre le bord. Je respire et ferme les yeux. Puis je dis calmement à Bernard : tu pars pour l’hôpital, car tu dois être examiné et surtout diagnostiqué pour les brûlures. Moi, je vais commander une dépanneuse pour ramener « Mini Merci la vie » au garage de Lazaro, celui qui nous a installé le nouveau moteur…

Rendez-vous manqué avec le Québec en image

Cliquez sur le vidéo pour regarder ce qui s'est passé en accéléré
Bernard part en taxi vers l’hôpital, et moi, je me retrouve, une heure après au garage de Lazaro. Entre temps, j’appelle notre ami Bob, qui vient me rejoindre au garage. Tout juste après mon arrivée, j’explique à Lazaro ce qui s’est passé. Il ouvre le capot, et en moins de 30 secondes, il blâme que c’est le ventilateur qui probablement ne marche pas. Je le regarde droit dans les yeux, et lui dit : quel culot de nous blâmer, sans rien analyser. Puis en moins de deux, je prends la décision et lui dit : je vais vider tout l’intérieur de la camionnette, puis elle sera verrouillée, incluant le capot et c’est défendu de lui toucher, tant que je ne reviendrai pas. Je lui fais bien comprendre que ma priorité sera Bernard pour les jours à venir.

Bernard me texte, il s’en vient me rejoindre au garage. Pendant ce temps, je commence à vider le contenu et à tout transférer dans la camionnette de Bob. Bernard arrive. Il est encore tout sale, la peau en bien piètre état. Mais que je lui dis, le docteur ne t’a pas nettoyé le visage, il n’a rien fait avec tes plaies? Il me dit, que la docteure, avait bien plus peur de la situation du virus, que de s’occuper de lui. Grrrrrr, je bouille! Mais elle lui a prescrit des antibiotiques contre les infections.

Lazaro recommence à réciter que finalement c’est probablement de notre faute. Je le fusille du regard. Il se tait. On quitte pour la maison avec Bob et la moitié du contenu de la van et nos deux toutous hyper patientes.

Durant le transport, j’écris à ma chère amie Moira qui est en Angleterre, et avec laquelle nous avons voyagé au Mexique. Moira est une infirmière spécialiste des grands brulés. Vive la technologie, je lui envoie des photos de l’état de Bernard, qui selon moi, est brûlé au 1er et 2es degrés sur la figure, le front, les lèvres, le menton, l’oreille, le cou, le début de la poitrine, les avant-bras et une main. J’ajoute que certaines surfaces m’apparaissent superficielles et d’autres plus profondes.

Nos amis Moira et Graeme en voyage chez nous, à Oaxaca, Mexico.

Dès notre arrivée à la maison, Bob décharge tout seul le contenu de la van, et moi je m’engouffre à l’intérieur avec Bernard. Je lui applique des compresses d’eau fraiche partout. Il s’apaise. Je nettoie doucement et j’applique la crème antibiotique sur les plaies ouvertes avec des bandages de gaz. Je lui donne ses antibiotiques oraux. Moira réussit finalement à me joindre. Nous avons six heures de différence avec l’Angleterre. Vive les appels vidéo! Rapidement, elle me confirme le diagnostic des brûlures à différents degrés. Puis elle m’explique le protocole à suivre jusqu’au lendemain. Trempage, nettoyage, bandages. Elle est si rassurante. Je carbure à l’adrénaline depuis des heures, et Moira sait me calmer immédiatement. Les larmes me montent encore… mais ce n’est pas le temps. Je dois prendre soin de mon Bernard. Moira m’explique, que tous les matins, après le protocole de nettoyage de peau, nous aurons un appel vidéo pour poursuivre et modifier les traitements. Moira sera mon ange et sera à mes côtés tous les matins pendant la convalescence de Bernard. Vous n’avez pas d’idée à quel point Moira a fait une grande différence dans nos vies, surtout pour nous rassurez et nous apaisez. Sans oublier Graeme et son humour typiquement très British!

Je mets Bernard au lit, et lui assigne une gardienne. Notre ami Lewis, fait le guet sur la terrasse, tout en s’occupant de Myco et Leila. Moi je retourne avec Bob, vider ce qu’il reste dans « Mini merci la vie » fait une commande au marché, et passe à la pharmacie.

Je me rends compte quelle chance nous avons d’être entouré de si bons amis aux âmes généreuses. Chanceux aussi que tous les deux nous portions nos lunettes. Je suis à peine brûlé au front. Chanceux que l’incident soit arrivé en ville – je n’ose même pas imaginer s’il cela aurait été en montagne dans un coin perdu.

On revient à la maison, Bob m’aide à tout décharger. Je lave toutes les emplettes, virus oblige, et commence à préparer un bon souper. Je suis si fatiguée. Bernard dort, il semble calme. J’appelle ma belle Kelly et lui explique ce qui est arrivé. Elle pleure comme une Madeleine la pauvre. Je n’ai pas les bons mots pour la consoler. Elle aime tellement Bernard, et puis réalise que nous ne serons pas au Québec cet été… elle pleure encore plus, et moi aussi.

Notre 1re soirée et nuit de retour se passe relativement bien. La douleur de Bernard est bien contrôlée. Les amis sont accourus aux nouvelles et nous offrent de l’aide spontanément. Nos bedons sont bien remplis par un délicieux repas. La maison a l’air d’un ouragan. Bernard est assommé par la médication, et se repose. Nos toutous sont endormis ensemble. Et moi, je croule de fatigue et m’endors en 5 secondes.

S’en suit une séquence de 8 jours avec à peu près la même routine;

  • Lever vers 6 h 30 avec un bon p’tit déjeuner pour tout le monde
  • Sortie des toutous. Ouverture du poulailler
  • Petit ménage pour éliminer poussières et sable
  • Photo Bernard avant traitement
  • Début du traitement de Bernard qui dure environ 2 heures : traitement Spa avec compresses fraiches (eau bouillie tiédie) sur les zones brûlées. Aromathérapie à la lavande et thé des bois pour apaiser. Nettoyage avec savon doux. Plus Nettoyage zones ouvertes au peroxyde. Enlever les peaux mortes (pas évident pour la zone moustache, barbe – tellement gommé)
  • Photo après nettoyage
  • Envoyer photos à Moira en Angleterre via Whatsapp
  • Appel vidéo avec Moira et Graeme : pour suivi, et protocole du jour. Ensuite, Moira m’envoie toujours un courriel et met par écrit tous les détails de notre conversation
  • Bernard au dodo
  • Préparation des repas. Des amis viennent nous dire bonjour.
  • S’occuper des toutous, du jardin
  • Siesta Bernard en PM
  • Un peu de boulot, répondre aux courriels urgents. Appeler famille et amis
  • Prendre une bonne marche en montagne me fait tellement de bien
  • Souper, arrosage du jardin si pas de pluie.
  • Préparer Bernard pour dodo (mini nettoyage, hydratation)
  • Douche, lecture, dodo (on essais!)
  • C’est fou comment l’état de Bernard s’améliore un peu chaque jour. C’est encourageant. Et en même temps, tous les deux, on vit ce que l’on appelle le « post trauma » avec ses hauts et ses bas. Alors il y a des jours, où j’ai juste envie de pleurer, que je me sens si fatiguée et découragée. Ma belle Kelly m’appelle presque tous les matins pour nous demander comment on va. Émilie, qui vient tout juste de déménager, nous jase les soirs de semaine. Tous les deux avons le cœur brisé de ne pas pouvoir venir au Québec. Nos petits-enfants nous manquent terriblement. Ça prendra des semaines avant que Bernard guérisse complètement. Des mois avant qu’il ne puisse s’exposer au vent et soleil.

    Et, ce qui n’a pas de prix, c’est que nous recevons, constamment des bouffées d’amour et de belles énergies de guérison, de notre famille et amis de partout à travers le monde. Plein de mots doux. Alors ça nous aide à aller de l’avant, à être résilients et courageux.

    Pour l’instant nous avons peu de nouvelles de notre camionnette. Nous l’avons fait remorquer une 2e fois hier vers l’agence Dinastia Ford d’Oaxaca. Une équipe de mécaniciens feront un diagnostic complet du problème en commençant avec la 1re étape de vidanger tout ce liquide visqueux jaune du circuit du moteur. Ensuite ils pourront mieux analyser le nouveau moteur et déterminer peut-être la cause du problème. Selon plusieurs mécanos et amis, il se pourrait que le coupable soit le refroidisseur d’huile… on croise les doigts, car la solution serait abordable. Si par contre ça provient du nouveau moteur, qui a à peine 700 km, on ne sait pas encore si la garantie s’appliquera – ça dépendra de la cause. On croise nos doigts… car « Mini merci la vie » fait partie de la famille!
    Ce matin, après la session de spa thérapie et de nettoyage, pour la 1re fois, mon Bernard a souri généreusement et m’a semblé en paix. Ses plaies guérissent très bien. Il a lentement recommencé à travailler à mi-temps. On s’en va du bon bord. Des petits riens nous font sourire. Sina, notre amie et voisine, nous offert généreusement, des sessions de guérison - cela nous a fait un bien immense. Je m’émerveille devant les belles récoltes de notre jardin. Nos poules sont généreuses en nous offrant entre 4 à 5 œufs par jours. Et nous sommes choyés de vivre dans une nature si merveilleuse, dans un pays que nous aimons. Merci à nos filles de nous encourager, à nos amis de nous envoyer autant d'amour. Le Québec nous attend… on le sait! Merci la vie xxx

    4 Comments

    1. Carol dit :

      Christine and Bernard~ my heart is with both of you! Your beautiful strength and love for each other is the cure! I am so sorry to read this and wish I were close to help you! Sending big hugs and warm love to both of you (and the pups) … I love to read your adventures, but not this one! Yes Quebec will wait with open arms.. for now hold each other in your arms and keep that love for each other to heal! Take care and I will keep you in my thoughts each day!
      With Love Carol ❤️

    2. Marie-Claire Pitre dit :

      Ma chère Christine et cher Bernard. Quel tragédie,nous sommes sur le choc.
      Christine continue ton super et bon travail d infirmière ‍⚕️ (comme ta maman l aurais fait),soit forte,je sais que ce n ai une situation evidente.
      Je te met dans ma liste pour mes prières du soir.
      Nous t envoyons des pensées positives.
      Si nous avions un jet privé,il serait déjà en route .
      Un prompt rétablissement Bernard,je suis cetaine que tu as de très bon traitement avec ton infirmière privée. Très important de l écouter.
      Nous sommes heureux que vous êtes bien entouré d amis.

      On vous aiment

    3. Laura dit :

      Dearest, most wonderful friends, I am so sorry for your traumatic experience! All my love to you both and wishes for speedy healing. Of course you have already seen the silver linings – that you were in town, still close to home, surrounded by friends. I wish I could fix you a healthy dinner and bring it over but we are in Colorado. But, love does not know distance, so Wally and I send you lots and lots of love and hugs.

    4. Bonjour vous deux, je viens de lire les derniers messages de juin et juillet, ouf j’ai eu les larmes aux yeux en lisant l’accident de Bernard, quel bête accident…Tant mieux qu’il est revenu sur ses pieds et il a gardé ses beaux yeux……et toi Christine, la super infirmière dans l’action, il a été chanceux de t’avoir…Bravo…Et que dire de l’histoire de la meute de chiens et la stérilisation, vous êtes des personnes merveilleuse…J’aimerais tant vous rencontrer en personne…Lâchez pas, vous semblez être un couple magnifique

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